24/11/2007
Scar movie LUCKY YOU
Dans les salons de Las Vegas où s'affrontent les meilleurs joueurs de poker du monde, Huck Cheever est connu comme un risque-tout. Mais, dans sa vie privée, ce flambeur acharné est un homme d'une prudence extrême, qui refuse tout investissement émotionnel, toute relation durable.
21/11/2007
Scarteknik!!Et si le bluff était une science exacte ! 1/2
Et si le bluff était une science exacte ! 1/2
Lancez "poker" dans une discussion avec des néophytes et les premiers mots que vous recevrez en retour seront "chance" et "bluff", c'est bien connu...
Pour ce qui est de la chance, vous n'ignorez pas depuis que vous lisez ce blog que mon opinion est faite: elle est omniprésente et pourtant elle n'a que peu d'importance à long terme! En revanche, je n'ai encore jamais abordé ici la question du bluff...
Vous allez voir que les idées reçues vont en prendre un coup avec la théorie que nous appliquons au poker, mon ami Max Yeterian et moi, à partir des travaux du mathématicien Edward Thorpe sur la théorie des jeux.
Max est ingénieur, issu d'une grande école (je vous dis ça pour la caution scientifique), et il se consacre au poker depuis qu'il a pris sa retraite. Il y joue très bien d'ailleurs et sa curiosité naturelle le pousse à étudier tous les aspects du jeu. C'est un malin, Max, et nos conversations quasi-quotidiennes nous font faire mutuellement des progrès. Voilà pour le contexte de notre "découverte".
Entrons maintenant dans le vif du sujet avec cette THEORIE REVOLUTIONNAIRE qui va vous faire envisager le bluff sous un angle rationnel et plus seulement psychologique!
Pour commencer, je vous propose le nouveau jeu inventé par Max, qui ressemble au poker, a le goût du poker mais qui n'est pas encore du vrai poker. Il se joue en tête à tête avec 4 cartes cachées,
Nous jouons, vous et moi, l'un contre l'autre. A chaque coup, nous mettons par exemple 10€ chacun dans le pot. Nous allons tirer une carte au hasard et nous déterminons à l'avance que vous gagnez avec
ou
et moi avec
ou
Mais, attention, c'est moi qui tire une des 4 cartes au hasard et je ne vous la montre pas! Ensuite, soit je vous dis que j'ai perdu et je vous abandonne le pot, soit je prétends avoir gagné et je mise 20€ (la valeur du pot). A vous maintenant de me croire ou non. Si vous me faites confiance, vous m'abandonnez le pot et vous avez perdu 10€. Si vous pensez que je bluffe, vous payez "pour voir" 20€ supplémentaires.
Je montre alors la carte: c'est une noire, vous avez perdu. C'est une rouge, vous avez gagné. Simple, non?
Que pensez-vous de ce petit jeu? Sur un grand nombre de coups, êtes-vous avantagé, désavantagé ou bien à égalité?...
A première vue, il semble bien que vous ayez une chance sur deux de gagner et donc qu'à la fin de l'année, ni vous ni moi n'aurons gagné ni perdu quoi que ce soit. Eh bien, c'est une illusion d'optique et je vais vous démontrer que VOUS ETES PERDANT A COUP SûR !!!
Supposons que je décide d'utiliser une stratégie fixe et même que vous la connaissiez d'avance:
-Chaque fois que je tire , je dis que j'ai perdu.
-Chaque fois que je tire , je dis que j'ai gagné (je bluffe).
-Et naturellement, chaque fois que je tire un As noir, je dis aussi que j'ai gagné (mais là, je dis la vérité).
Vous n'avez que 2 attitudes possibles: soit me croire tout le temps et ne pas payer les 20€, soit me prendre tout le temps pour un menteur et payer systématiquement les 20€. Tout attitude intermédiaire qui consiste à me dire tantôt que je mens, tantôt que je dis la vérité, ne change rien mathématiquement.
Faisons les comptes dans les deux cas:
1- Vous décidez de me faire tout le temps confiance:
>Vous gagnez un pot de 20€ une fois sur quatre (soit 10€ nets), quand je tire
>Vous perdez le reste du temps, soit parce que j'ai effectivement tiré l'As noir qui me fait gagner, soit parce que j'ai tiré l'As de carreau et que je vous ai bluffé.
Bilan net pour vous: -20€ (+10€ une fois et -10€ trois fois)
2- Vous décidez de "voir" tous les coups:
>Vous gagnez le pot initial de 20€ (soit 10€ nets) quand je tire (puisque je vous l'abandonne sans miser),
>Vous gagnez un pot de 60€ (30€ nets) quand je tire ,
>Vous perdez un pot de 60€ (30€ nets) quand je tire ,
>Vous perdez un pot de 60€ (30€ nets) quand je tire .
Bilan net pour vous: -20€!
Vous constatez que votre résultat est le même quel que soit la stratégie que vous décidez d'adopter et donc que, MATHEMATIQUEMENT, vous ne pouvez pas vous en sortir, quoi que vous fassiez (étant entendu que nous raisonnons statistiquement, sur le long terme). Vous ne pouvez gagner que ponctuellement si vous avez de la chance.
Vous voyez également que la psychologie, qui est censée être une arme contre le bluff, ne joue aucun rôle à ce petit jeu, dans la mesure où la stratégie de votre adversaire est automatique et déclarée...
Je vous vois sceptique, non?...Allez, relisez tout ça en détails et méditez! Quand vous aurez admis cette théorie, je passerai, dans un très prochain article, à l'application au poker réel. C'est là que cela devient vraiment surprenant. Mais c'est une autre histoire, je ne vous en dis pas davantage...
Lancez "poker" dans une discussion avec des néophytes et les premiers mots que vous recevrez en retour seront "chance" et "bluff", c'est bien connu...
Pour ce qui est de la chance, vous n'ignorez pas depuis que vous lisez ce blog que mon opinion est faite: elle est omniprésente et pourtant elle n'a que peu d'importance à long terme! En revanche, je n'ai encore jamais abordé ici la question du bluff...
Vous allez voir que les idées reçues vont en prendre un coup avec la théorie que nous appliquons au poker, mon ami Max Yeterian et moi, à partir des travaux du mathématicien Edward Thorpe sur la théorie des jeux.
Max est ingénieur, issu d'une grande école (je vous dis ça pour la caution scientifique), et il se consacre au poker depuis qu'il a pris sa retraite. Il y joue très bien d'ailleurs et sa curiosité naturelle le pousse à étudier tous les aspects du jeu. C'est un malin, Max, et nos conversations quasi-quotidiennes nous font faire mutuellement des progrès. Voilà pour le contexte de notre "découverte".
Entrons maintenant dans le vif du sujet avec cette THEORIE REVOLUTIONNAIRE qui va vous faire envisager le bluff sous un angle rationnel et plus seulement psychologique!
Pour commencer, je vous propose le nouveau jeu inventé par Max, qui ressemble au poker, a le goût du poker mais qui n'est pas encore du vrai poker. Il se joue en tête à tête avec 4 cartes cachées,
Nous jouons, vous et moi, l'un contre l'autre. A chaque coup, nous mettons par exemple 10€ chacun dans le pot. Nous allons tirer une carte au hasard et nous déterminons à l'avance que vous gagnez avec
ou
et moi avec
ou
Mais, attention, c'est moi qui tire une des 4 cartes au hasard et je ne vous la montre pas! Ensuite, soit je vous dis que j'ai perdu et je vous abandonne le pot, soit je prétends avoir gagné et je mise 20€ (la valeur du pot). A vous maintenant de me croire ou non. Si vous me faites confiance, vous m'abandonnez le pot et vous avez perdu 10€. Si vous pensez que je bluffe, vous payez "pour voir" 20€ supplémentaires.
Je montre alors la carte: c'est une noire, vous avez perdu. C'est une rouge, vous avez gagné. Simple, non?
Que pensez-vous de ce petit jeu? Sur un grand nombre de coups, êtes-vous avantagé, désavantagé ou bien à égalité?...
A première vue, il semble bien que vous ayez une chance sur deux de gagner et donc qu'à la fin de l'année, ni vous ni moi n'aurons gagné ni perdu quoi que ce soit. Eh bien, c'est une illusion d'optique et je vais vous démontrer que VOUS ETES PERDANT A COUP SûR !!!
Supposons que je décide d'utiliser une stratégie fixe et même que vous la connaissiez d'avance:
-Chaque fois que je tire , je dis que j'ai perdu.
-Chaque fois que je tire , je dis que j'ai gagné (je bluffe).
-Et naturellement, chaque fois que je tire un As noir, je dis aussi que j'ai gagné (mais là, je dis la vérité).
Vous n'avez que 2 attitudes possibles: soit me croire tout le temps et ne pas payer les 20€, soit me prendre tout le temps pour un menteur et payer systématiquement les 20€. Tout attitude intermédiaire qui consiste à me dire tantôt que je mens, tantôt que je dis la vérité, ne change rien mathématiquement.
Faisons les comptes dans les deux cas:
1- Vous décidez de me faire tout le temps confiance:
>Vous gagnez un pot de 20€ une fois sur quatre (soit 10€ nets), quand je tire
>Vous perdez le reste du temps, soit parce que j'ai effectivement tiré l'As noir qui me fait gagner, soit parce que j'ai tiré l'As de carreau et que je vous ai bluffé.
Bilan net pour vous: -20€ (+10€ une fois et -10€ trois fois)
2- Vous décidez de "voir" tous les coups:
>Vous gagnez le pot initial de 20€ (soit 10€ nets) quand je tire (puisque je vous l'abandonne sans miser),
>Vous gagnez un pot de 60€ (30€ nets) quand je tire ,
>Vous perdez un pot de 60€ (30€ nets) quand je tire ,
>Vous perdez un pot de 60€ (30€ nets) quand je tire .
Bilan net pour vous: -20€!
Vous constatez que votre résultat est le même quel que soit la stratégie que vous décidez d'adopter et donc que, MATHEMATIQUEMENT, vous ne pouvez pas vous en sortir, quoi que vous fassiez (étant entendu que nous raisonnons statistiquement, sur le long terme). Vous ne pouvez gagner que ponctuellement si vous avez de la chance.
Vous voyez également que la psychologie, qui est censée être une arme contre le bluff, ne joue aucun rôle à ce petit jeu, dans la mesure où la stratégie de votre adversaire est automatique et déclarée...
Je vous vois sceptique, non?...Allez, relisez tout ça en détails et méditez! Quand vous aurez admis cette théorie, je passerai, dans un très prochain article, à l'application au poker réel. C'est là que cela devient vraiment surprenant. Mais c'est une autre histoire, je ne vous en dis pas davantage...
17/11/2007
bon plan pour noel
Pack découverte DICE | 36,50 euros |
Le tout en 1 à petit prix pour débuter dans de bonnes conditions. Compostition du pack :- une mallette complète de 300 jetons 11.5g DICE avec deux jeux de cartes et un bouton dealer. | |
| |
16/11/2007
SCARTECNIK :Comment jouer les paires moyennes ?
Au No-limit Hold’em, les paires moyennes sont toujours difficiles à négocier. Pas assez fortes pour être serein, mais trop fortes pour ne pas leur donner une chance…Live Poker vous donne les meilleurs tuyaux pour en tirer le maximum, ou pour limiter les frais sans trop de dégâts.
Paire d’As ? Paire de Rois ? Facile, le coup est dans la poche (ou presque !). Et avec une paire de Dames ou de Valets, même si on ne se sent pas invincible, on envisage le coup avec une certaine confiance et un optimisme justifié. Une paire de Sept, de Huit, de Neuf, ou même de Dix, et les choses se compliquent. On se demande toujours comment aborder ces paires intermédiaires : vaut-il mieux être agressif ou au contraire privilégier un jeu tout en finesse ? Ma position est-elle favorable à l’une ou l’autre de ces deux options ? Et face à mes adversaires du jour, laquelle de ces techniques sera la plus payante ? Autant de questions dont les réponses sont variables.
Une seule certitude : si les grosses paires sont souvent gagnantes même sans amélioration, il est revanche bien difficile de remporter un pot dans lequel plusieurs joueurs sont impliqués avec une paire intermédiaire. A moins bien sûr d’avoir amélioré au flop. C’est-à-dire d’avoir trouvé son brelan. Soit à peine 12% de chances que cela arrive ! Par conséquent, dans 88% des cas, vous n’aurez guère plus après le flop que ce que vous aviez en main avant. Certes, une paire moyenne peut quelquefois s’avérer suffisante pour gagner au flop, si celui-ci est inoffensif (pas de possibilité de quinte ou de couleur, pas de grosses cartes…), autant dire une infime minorité de cas. Résultat des courses : pour gagner avec une paire moyenne, il faut améliorer au flop ! Sinon, il faudra « lâcher » le coup en cours de route, sous peine de perdre un « max » de jetons.
Alors comment jouer sa paire moyenne pour qu’elle devienne profitable ?
Jouez-la « masqué » !
Le joueur agressif qui choisit de relancer avec une moyenne paire comme il le ferait avec une grosse paire ou un « bel » As a pour unique espoir que tous les joueurs se couchent sans livrer combat. Car, dans le cas contraire, bon courage pour négocier un flop où les grosses cartes se bousculent, avec en plus un tirage à la couleur ! Or, dites-vous bien que, sur une table de 8 à 10 joueurs, même en relançant très fort, vous aurez toujours un « client ». Que vous ne ferez pas passer s’il a une grosse paire en main, un As bien accompagné ou tout autre bon jeu. Vous aurez donc inutilement perdu des jetons, là où il suffisait de « caller ».
C’est l’une des raisons pour lesquelles il est généralement déconseillé de relancer une moyenne paire pré-flop, mais ce n’est pas la seule.
La seconde raison est d’ordre plus technique : elle relève de la rentabilité et fait intervenir les pot odds, la cote financière. Puisque les paires intermédiaires n’ont que 12% de chances d’améliorer au flop (même si le gain n’est pas garanti à 100%, vous êtes en très bonne voie !), alors il faut que le « jeu en vaille la chandelle ». C’est-à-dire que les gains potentiels du coup doivent être à la hauteur des risques que vous prenez. En d’autres termes, il faut que le rapport entre la cote financière du pot et les chances de gains soit en votre faveur. Alors seulement vous aurez rentabilisé votre main.
Prenons un exemple concret
Vous avez une paire de Neuf en mains, et vous vous trouvez face à huit adversaires qui, comme vous, ont payé les 10$ de blind pour voir le flop. Le pot est alors de 90$, ce qui signifie que, si vous remportez le pot, vous gagnerez 8 fois votre mise. Ce rapport mise/gains de 8 pour 1 (80$ gagnés pour 10$ misés) est en adéquation avec vos chances de gains, qui sont de 12% (7,5 contre 1). A l’inverse, si vous n’êtes que deux joueurs dans le coup pour un pot de 20$, vous ne remportez qu’une seule fois votre mise (10$ gagnés pour 10$ misés), ce qui constitue un retour sur investissement de 1 pour 1, donc très faible au regard des probabilités d’amélioration de votre main.
Ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait peut-être croire, il ne faut pas isoler ses adversaires lorsqu’on a une paire moyenne en main. Car les paires intermédiaires ne sont statistiquement rentables qu’avec un pot très supérieur à votre mise, donc avec un maximum de joueurs dans le coup.
Enfin, troisième argument : la profitabilité. Dans l’hypothèse fastueuse où vous « touchez votre brelan », il va falloir que ça rapporte. Pour cela, il faudra que votre adversaire touche lui aussi son jeu. Et ce sera chose d’autant plus probable si le pot n’a pas été relancé et que de nombreuses mains intermédiaires sont entrées dans la partie. Ainsi, imaginons que vous avez une paire de Sept. Vos adversaires ont des mains moyennes telles que R-10, D-V ou A-3 assortis. Et là, le flop s’affiche : A, 7, 3. Inutile de vous dire qu’avec votre brelan de Sept bien camouflé, vous n’aurez aucun mal à soutirer une bonne pile de jetons à votre adversaire qui floppe deux miraculeuses paires…
On comprend mieux maintenant pourquoi la relance pré-flop est un choix tactique douteux, à la fois risqué et peu rentable.
Risqué, parce qu’en relançant avant le flop, vous pourriez vous retrouver face à une grosse paire (ou du moins une paire supérieure), contre laquelle vous partez perdant à 4 contre 1. De plus, vous vous exposez à sur-relance qui vous placerait alors devant une décision difficile, voire marginale.
Peu rentable, car en plus de vous priver d’une bonne cote financière, vous décourageriez certains joueurs ayant des mains intermédiaires de rentrer dans le coup, ceux-là mêmes qui seraient susceptibles de vous payer.
Apprenez à jeter votre paire
Même si cela peut paraître inconcevable de prime abord, il est des situations où il vaut mieux jeter sa paire de Sept ou de Huit avant le flop. C’est une décision encore plus pénible si on n’a pas « eu de jeu » depuis 40 minutes, mais elle peut être salvatrice. Car si vous vous obstinez envers et contre tout (et tous !) à jouer votre moyenne paire, vous pourriez y laisser une bonne partie de votre tapis, sinon son intégralité. Comment faire pour éviter cela ?
La réponse est toute simple, mais elle mérite néanmoins d’être énoncée clairement : pour être sûr de ne pas s’accrocher à sa main et perdre tout un tas de jetons, il suffit de ne pas la jouer ! Oui, dans certaines situations précises, il peut être parfaitement raisonnable, et même vivement recommandé, de jeter sa paire avant le flop. Exemple : vous êtes UTG avec une paire de Huit, vous callez, un joueur relance, un autre passe, un autre encore sur-relance… et enfin un cinquième paye cette surenchère ! Vous la sentez comment, là, votre petite paire de Huit ? Avec toutes ces relances, payées rubis sur ongle, il y a fort à parier qu’une grosse paire (au moins) vous attend au tournant. Et même en considérant qu’il n’y a pas d’autre paire à la table mais uniquement des grosses cartes connectées, vous êtes certes légèrement favori face à des mains telles que A-R, A-V ou encore R-D prises séparément, mais vous êtes en revanche outsider à 2 contre 1 si vous les affrontez toutes à la fois. Sans compter que dans ce genre de situations, il est à prévoir que la suite du coup sera orageuse, que les jetons vont valser et les tapis s’envoler. Vous devrez donc absolument avoir « floppé » votre brelan pour rester dans le coup, car vous n’aurez pas de carte gratuite. Or, plus de 9 fois sur 10, il n’y aura pas de miracle…
Vous savez maintenant quelle est la façon la plus appropriée et la plus rentable de jouer les paires moyennes : caller, espérer qu’un maximum de joueurs entre dans le coup, ce qui vous garantit une bonne cote financière et augmente vos chances de tomber sur un adversaire qui, lui aussi, aura trouvé un jeu suffisamment gros pour vous payer (mais de préférence pas suffisamment gros pour vous battre …). Et à présent que ces mains « piège » n’ont plus de secret pour vous, vous ne les jouerez plus jamais au petit bonheur la chance ou au « feeling », mais comme un vrai pro. Vos adversaires n’ont qu’à bien se tenir !
Les 10 règles d’or
- Les paires moyennes gagnent rarement sans amélioration (brelan ou mieux).
- Les paires, quelles qu’elles soient, s’améliorent peu souvent (à peine plus d’une fois sur 10).
- Les paires moyennes sont jouables si les enchères pré-flop ne sont pas élevées et que le pot est important, car alors votre cote financière est bonne.
- Les paires moyennes doivent se jouer « masquées » et avec finesse.
- Les paires moyennes, quand elles s’améliorent au flop, sont une arme redoutable pour attaquer des adversaires qui auraient floppé un gros jeu comme deux paires.
- Pour gagner avec une paire moyenne, vous devez « toucher ». Sinon, apprenez à jeter vos cartes sans trop de regrets.
- Méfiez-vous si vous avez affaire à de multiples surenchères pré-flop, car cela signifie presque à coup sûr qu’il y a – au moins – une grosse paire en face. Ne vous accrochez pas à une main dont vous savez qu’elle sera sûrement perdante.
- Les paires moyennes sont parfaitement jouables face à une relance pré-flop, et peuvent être gagnantes si le board est inoffensif.
- En short-handed, les paires moyennes se jouent comme des grosses paires.
- Les paires moyennes sont de bonnes mains pour miser votre tapis pré-flop s’il ne vous reste que peu de jetons.
POKER STAR "P14B"
Une partie de Poker se joue sur toute la vie
Gagneur mais philosophe,
souvent désarmant, toujours sincère
et enthousiaste, notre champion du monde s'est révélé plus facile à affronter au bord d'une piscine qu'autour d'une table de jeu.
12h30 à la piscine du Bellagio. J'émerge tout juste.
A peine conscient que j'ai rendez-vous avec une star. Patrick Bruel en personne! On dit souvent la capacité de Vegas à dérégler votre horloge interne jusqu'à vous faire perdre tous vos repères : c'est vrai.
Si je n’avais pas reçu un coup de téléphone me prévenant qu' "IL" avait enfin un moment pour une interview, je serais probablement au lit.
L’attente au bar de la piscine n’est pas désagréable. Il doit faire près de 40 degrés, mais la sécheresse au milieu du désert du Nevada rend l’acclimatation rapide. Je revois rapidement ce que je sais de Bruel, le joueur. Une de ces stars de plus qui tente de surfer la vague du poker ? Pas vraiment. Un authentique champion et un précurseur plutôt. Patrick est l’un des trois seuls Français à détenir un bracelet de champion WSOP, qui plus est gagné au jeu des Américains, le Hold’em Limit. Ajoutez à cela deux tables finales des tournois WSOP Pot-Limit Omaha, une dixième place au WPT 25,000$ du Bellagio en 2003, plus des tables finales en Stud, Hold’em et Omaha en Europe… Et vous avez compris que l'homme était un passionné de poker bien avant l'explosion économique et médiatique de ce jeu.
Sa passion, justement, qui a rendu crédibles ses émissions TV sur Canal+. Sa sincérité aussi. Qui, comme dans sa carrière d'acteur et de chanteur, a séduit et accroché au spectacle des millions de Français qui jusque là ne faisaient pas la différence entre un As de trèfle et un deux de Carreau. Désormais, grâce à Patrick Bruel, le poker a droit de cité dans l'Hexagone, en prime time comme dans les cours de récré où le Texas Hold'em a vite fait de remplacer les billes et les cartes Panini...
Je suis en train de réaliser que si la passion de Bruel est si communicative, ce n'est pas seulement parce qu'il est une star. Il en a le charme, le talent. En plus, il a l'instinct et le courage qui sont ses qualités d'homme, aussi nécessaires pour réussir dans la vie que pour gagner au poker.
L'arrivée de l'homme-star me tire de mes réflexions. Il porte jean et T-shirt. Même pas de lunettes de soleil. Sourire chaleureux. il sort de sa douche après une séance de sport intensif. Oui, car il est en pleine préparation du "Main Event" des championnats du monde. Il commence demain et c'est du sérieux!
Patrick s'asseoit. Une serveuse s'approche, toutes voiles dehors. Il commande un "Arnold Palmer", un thé glacé et lemonade, moi un double express pour éliminer le reste du brouillard que j'ai devant les yeux malgré le soleil de plomb. Jennifer -impossible de ne pas remarquer son badge vu où elle l'a placé...- demande à Patrick son numéro de chambre et son nom pour la note...
Moi:"!..."
Lui: "Room 10001, Bruel..."
Jennifer:"Vous pouvez épeler, please?..."
Patrick, sans le moindre agacement: "Sorry...Bruel, B-R-U-E-L". Et il lui adresse un franc sourire.
Elle ne l'a même pas reconnu. Et lui ne s'en est même pas étonné. Comme quoi, être une star, cela ne donne pas forcément la grosse tête...
Cela tombe bien (rires). On va oublier un moment ta carrière d'acteur et de chanteur pour parler poker! Comment as-tu commencé ?
Patrick Bruel: En fait, j’ai commencé par les Echecs. Je joue depuis que j’ai 8 ans. Et dans l’environnement familial, avec mon oncle en particulier, ça jouait un peu aux cartes… Au poker, au huit américain, à la belote. Le poker m'a accroché assez rapidement. Vers 9 ans, je connaissais déjà les rudiments. Mais j’étais surtout branché Echecs. Un peu plus tard, j’ai découvert le bridge. Sinon j’ai vraiment joué au lycée, vers 16 ans, des petites parties de pok entre copains. On jouait notre argent de poche. Ensuite à la fac j’arrondissais un peu mes fins de mois. J’ai arrêté entre 25 et 30 ans, je n’avais plus le temps. Et à la trentaine un copain m’a invité à une partie un peu plus « sérieuse » et là je me suis aperçu que mon niveau n'était pas trop mauvais.
Tu as commencé par le poker fermé?
P.B.: Oui bien sûr. Mais très vite au lycée on a commencé l’ouvert: le Hold’em et aussi le Courchevel, qu'on appelait "la ligne".
Et aujourd’hui quel est ton meilleur jeu ?
P.B.: J'aime toutes les variantes. Et j’ai eu des résultats dans la plupart. En 7-Stud, j’ai gagné des tournois à Berlin et à Paris. A l’Omaha, j’ai fait deux finales WSOP dont une fois 2ème. Et deux finales de Hold’em, avec un bracelet. Oui, je crois que le No Limit Hold'em est mon meilleur jeu. C'est le plus stratégique et de loin le plus subtil, avec en même temps les émotions les plus violentes.
Quelles sont tes plus grandes forces au poker?
P.B. : La foi et l'envie de gagner avant tout. Mais aussi la lecture des adversaires, la patience, la capacité de laisser mon ego au vestiaire. Pour un artiste, tu imagines le boulot (rires...) Mais tout ça, ça dépend des jours. Il faudrait demander aux joueurs qui me connaissent bien, par exemple à Elie (Elie Marciano, NDLR) qui lui aussi est à Vegas pour les World Series... En fait, ce sont les Américains qui me connaissent le mieux. J’ai joué davantage à Vegas qu’en France. Je m’adapte mieux au jeu ici, je suis plus concentré.
Quel type de joueur es-tu? Plutôt un technicien ou un joueur instinctif ?
P.B.: Les deux. Sinon je ne pourrais pas faire les commentaires sur Canal. C'est d'ailleurs comme cela que je me suis aperçu que j’avais une bonne technique.
Tu penses que c’est la technique qui contribue le plus à ton jeu?
P.B.: Non, en réalité c’est plutôt mon instinct qui m’a toujours guidé. Et pas que dans le poker, dans ma vie surtout! Le poker demande beaucoup d’instinct, à combiner avec son inverse, la maîtrise de soi, le self control. Et aussi un vrai sens de la gestion. Je crois que cette gestion du temps de jeu et des jetons est ma plus grande force. Quand cela ne va pas, je me lève. Je suis un joueur qui sait se lever quand il perd.
Et ta plus grosse faiblesse?...
P.B.: Dans l’ordre, la plus grosse …C’est de croire que j’en ai aucune (Rires).
Sérieusement, la plus grande difficulté au poker, c'est de faire payer le maximum avec un jeu fort. C’est d'optimiser au mieux son jeu. Faire beaucoup de jetons avec les grosses mains. Finalement, la plus grande qualité, c'est savoir perdre très peu quand on perd et gagner beaucoup quand on gagne. Avec des belles cartes il faut analyser la table, le timing, les relances du joueur que l’on a en face de soi et bien le connaître. Se demander si on peut lui faire tapis, en fonction de ce qui s'est passé précédemment, il y a une demi-heure, deux heures, six mois ou même 10 ans !
La mémoire d’un joueur est en règle générale incroyable. Il se souvient d’un coup passé qui a marqué et dont il peut tirer une expérience, se resservir. C’est cette attitude qui va un moment donné être déterminante. Quand les joueurs discutent a table, posent des questions ou parlent de leur vie, tout cela c’est dans le but de tester quelque chose chez vous, de glaner des infos qui pourront un jour servir. Donc c’est pour ça qu’à priori il vaut toujours mieux éviter de montrer son jeu. L’adversaire s'en souviendra et une partie n'est jamais finie au poker, elle se joue sur toute la vie...
Pour revenir aux faiblesses, il m'arrive d'être trop curieux, de payer alors que mon analyse et mon instinct me commandent de jeter mes cartes. Ce doit être pour me prouver que mon analyse était la bonne. On en revient à l'ego...
Dans quels domaines as-tu encore des progrès à faire?
P.B.: Tous!
Aujourd’hui, tu préfères les cash games ou les tournois ?
P.B.: Beaucoup de joueurs jouent mieux en cash qu’en tournoi, mais pour moi, c'est la même chose, je suis aussi à l’aise dans l’un que dans l'autre. Tout simplement parce que je n’aime pas me recaver (rires...). Je joue en partie d'argent un peu comme en tournoi. Même si je sais au fond de moi que je peux me recaver, j’applique la technique du tournoi en cash game.
Un "bracelet", des résultats dans tous les jeux... Est-ce que tu as encore quelque chose à prouver dans le poker ?
P.B.: D’abord je veux confirmer. Un deuxième bracelet, ce serait pas mal. Et puis c’est surtout une passion, c’est un jeu magnifique, il y a tellement d’ouvertures, de possibilités. Tous les jours j’en apprends un peu plus. J’apprends de certains joueurs ce qu'il faut faire comme ce qu il ne faut pas faire, des combinaisons que je n’imaginais pas.
J’aime beaucoup l’ambiance des tournois. Si je pouvais faire une année entière tout le circuit, j’adorerais. Ce que j’ai déjà fait à une époque. Mais ce n’était pas comme ça, ce n’était pas aussi organisé. Aujourd’hui avec toute cette machine autour, c’est tentant. Mais bon...
Jouer au poker a-t-il apporté ou enlevé quelque chose à ton image? Comment Bruel le joueur de poker s’est-il associé à l’image de l’homme public ?
P.B.: Disons qu’au moment du titre de 98, personne ne savait trop que je jouais. J’ai eu très peur. Je me souviens avoir appelé mon agent en pleine nuit: "Un titre de champion du monde de poker, ça va se savoir..." Et Rose, mon agent, m’a répondu: "Et alors? Tant mieux, c’est extraordinaire! Cela donne plus d’aspérité à votre personnage, ça le rend moins lisse, plus sexy." Donc du coup, cela m’a plutôt libéré. Si elle avait raison....? En tout cas, il y a des gens qui m’ont perçu différemment. Les hommes surtout. Ils en avaient marre d'entendre leur nana toute la journée leur parler de moi et là, ils se sont dit: "Finalement, il a peut être quelque chose quand même..." Et ils se sont un peu plus intéressés a ce que je faisais, à ma musique, au cinéma, au théâtre…
Et avec le recul?...
P.B.: Maintenant c’est un peu différent. Surtout depuis les programmes de télé. Je pensais que cela resterait confidentiel, mais ça a pris beaucoup d’importance. Alors, il ne faudrait pas que les gens s’embrouillent. Je reste avant tout un acteur et un chanteur, pas un joueur!
Tu n'aimerais donc pas être plus reconnu pour le poker que pour le reste de ta carrière ?
P.B.: Non, pas du tout. Ou alors en Amérique...Où d'ailleurs je signe plus d'autographes comme joueur de poker (rires...)
Quel est l'avenir du poker en général et en France en particulier?
P.B.: Une explosion. Cela ne va pas s'arrêter. C’est un jeu unique, prenant, charismatique et qui peu être très lucratif. Mais comme tout ce qui peut être lucratif, très dangereux aussi.
Que penses-tu des récentes décisions juridiques américaines qui interdisent le poker en ligne? Parce que c'est vraiment internet qui a transformé le poker, non?...
B.: Oui, internet a été le détonateur et reste aujourd'hui la caisse de résonance du poker. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui pensent que la législation arrêtera le poker en ligne. Je pense que ce n’est pas possible. Il y a trop d'intérêts financiers. Et puis le poker n'est pas nuisible! Jusqu'à preuve du contraire, le poker tue moins que la cigarette. Et si on n’interdit pas les fabricants de cigarettes assassins qui vendent des produits addictifs, pourquoi interdire le poker?...
Il est prouvé qu’on n’a jamais arrêté la technologie. Le poker en ligne ou même la vie en ligne sont inéluctables. Il faut juste empêcher le train de dérailler. C'est ce que j'essaye de faire avec la Poker School dont je vais m'occuper sur Win-A-Max.com. Faire progresser les nouveaux joueurs dans le sens des tournois, de la compétition en général. S'intéresser à la technique et à l'aspect noble du poker plutôt qu'au hasard à tout-va...
Tu commences demain midi le "Main Event". Faut-il une préparation particulière avant un grand tournoi ?
Bien sûr! Une préparation physique et mentale est indispensable. Un championnat est une très grosse épreuve physique. De midi à 2 heures du matin pendant plusieurs jours avec des montées d’adrénaline énormes, une pression sans cesse plus forte, une relation permanente à l’exclusion. Survivre. Ne pas vouloir être mis à l’écart. Lutter contre ce que la psychanalyse appellerait sans doute une" petite mort". Cela fait appel à des choses très profondes, extrêmement violentes. Et l’inconscient vit tout ça avec beaucoup plus d’intensité qu’on ne le pense...
Moi, ma méthode, c'est: arriver un petit peu avant pour m’acclimater et à cause du décalage. Une semaine c’est bien. Il faut aussi en profiter pour se remettre au niveau. Parce que quand on joue en France, les joueurs n’ont pas le niveau américain. Non qu'ils jouent mieux ou moins bien. Mais c'est très différent. Ici il y a beaucoup plus de variété et d’imprévu : tous les types de joueurs, des meilleurs du monde à ceux qui ne comprennent rien ou qui sont là par hasard. La particularité du poker, c'est que tout le monde peut jouer. C’est comme si demain un amateur de tennis décidait de se mesurer à tous les pros de l'ATP ou si un fondu de foot se disait: "Tiens, je vais jouer la coupe du monde cet été . Je m’en fous, cela va me coûter tant, mais j’adore le foot, alors je vais jouer le mondial avec Zidane et Ronaldo!... ».
J’ai un copain qui est là. C’est le frère d’un mec qui joue et lui il n’a jamais joué de sa vie. Vraiment !...Et il va jouer les World Series! Et en plus il n’est jamais resté plus de dix minutes de sa vie sans téléphoner. Avec les nouvelles interdictions pendant le tournoi, je me demande comment il va faire! (rires...)
Que penses-tu des victoires d'inconnus comme Moneymaker ou Hachem dans ces WSOP?
P.B.: Moneymaker est médiocre. Mais c'est son aventure qui a fait exploser le poker!
Les WSOP organisent cette année un tournoi H.O.R.S.E* dont l'entrée est à 50 000$. N’est-ce pas une volonté de revenir à une formule plus classante? Les organisateurs voudraient-ils faire de ce tournoi le Main Event de demain?
P.B.: Non, pas le main event. Un droit d'entrée de 50 000$, c'est trop d’argent. Et je ne crois pas à plusieurs jeux. Si le main event était un tournoi a 50 000$ Holdem, peut-être. D'ailleurs je crois qu'ils feront un 50 000$ No Limit l’année prochaine. Mais pour moi, le plus beau tournoi du monde reste le WPT du Bellagio à 25000$. Je ne l’ai pas gagné, j’ai fait 10ème, mais c’est mon plus beau souvenir. C’était un très haut niveau. Déjà on ne met pas 25000$ comme ça, juste pour se marrer. Heureusement il y avait des satellites et j’ai gagné mon ticket. Je crois que je l’aurais fait quoi qu’il arrive mais là, j’ai gagné un satellite a 250$ et ensuite je me suis qualifié dans le super-satellite à 2500$. Donc le ticket m’a coûté 250 $!
*NDLR. Le H.O.R.S.E. est un tournoi alternant Hod'em, Omaha high-low, Razz, 7-Stud et 7-Stud hi-low. Une formule qui reproduit celle des très grosses parties d'argent des pros de Las Vegas.
N’y a-t-il pas danger quand on voit à la télé un monsieur- tout- le-monde gagner des centaines de milliers de dollars sur un tournoi? N’importe qui peut croire que c’est facilement accessible...
P.B.: C'est tout simplement le même danger que de faire croire à des gamines de 15 ans qu’elles peuvent devenir des stars de la chanson. Beaucoup d’appelés et peu d’élus. Mais le poker c’est pas tout à fait pareil que la Star Ac'. Sur les émissions de Canal par exemple, on retrouve très souvent de vrais professionnels. Alors de temps en temps, il y a un Moneymaker en plein milieu mais c’est une exception. C’est comme si la Corée avait gagné la coupe du monde de foot. C’est toujours possible, sur seulement 7 matches...
En 2003, on ne peut pas imaginer les coups de pot qu'a eu Moneymaker pour gagner les World Series. Entre autres, il fait sauter un adversaire qui a AA avec DV!... C'est marrant d'ailleurs, c'est comme cela aussi que je me suis fait sortir à l'EPT de Monte Carlo. Sauf que Moneymaker, il ne l’a pas fait après deux heures de tournoi comme le joueur contre moi. Il l’a fait au bout de six jours, quand ça comptait, avec des millions sur la table!... Je déteste ce genre de joueurs à table. Je préfère de loin jouer contre les meilleurs du monde. Je sais comment ils fonctionnent.
Quels seraient tes conseils à un jeune qui commence ?
P.B.: Le plus important est de ne jamais jouer au dessus des ses moyens, de ne jamais mettre en danger son patrimoine, quel qu’il soit. Il faut s’amuser. Toujours considérer que ce n’est qu’un jeu. N’est pas pro qui veut! D'autant que ce n’est pas passionnant d’être professionnel de poker. C’est une vie de grande solitude où l’adrénaline remplace beaucoup de choses...Jouer prend beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, peut détruire une famille ou l’empêcher de naître, surtout pour ceux qui commencent très jeunes. Bref, il n’y a aucun enrichissement personnel. Par contre jouer pour s’amuser, et même en ligne, c’est bien. On peut éteindre son PC quand on veut...
Tu joues sur internet ?
P.B.: Un peu mais je n’ai pas trop le temps. Je joue sur WinAMax.com car, avec Michel Abécassis, nous mettons en place une poker school 100% française. Il y a déjà une communauté importante, plutôt conviviale sur le site. Et nous allons organiser des tournois, des satellites et même un classement français pour sélectionner les meilleurs. Ils feront partie de la "WAM Team" qui voyagera avec nous dans les grands événements européens. J'ai insisté pour créer une école, un forum, une véritable communauté en dehors des tables. Dans ce sens, je crois que c'est une première en France. D'ailleurs, être l'image d'un site uniquement commercial ne m'intéresserait pas...
Joues-tu des cash games en "live" ?
P.B.: Le poker pour moi, c’est une détente. Il ne faut pas que les parties soient trop longues. L’idéal, c’est quatre heures. Généralement, je joue Holdem No limit et Omaha Pot limit. Bien sûr je peux m’adapter à tous les jeux mais à choisir, je me contenterais de ces deux là. Dans ma partie, personne ne joue au-dessus de ses moyens. D’ailleurs un conseil que je pourrais donner est d’éviter les parties entre amis, je ne suis pas tellement pour. C’est celles-là qui doivent être courtes, où il faut interdire les prolongations. Entre amis il faut s’amuser, tout doit s’équilibrer sur une année sinon on met en péril les relations humaines. Dans le cas contraire, c’est là que je privilégierais davantage le jeu en ligne.
Es-tu superstitieux? Par exemple, as-tu un grigri?...
P.B.: Ca dépend des fois... J’ai travaillé là-dessus (rires) car sinon la superstition peut prendre la tête pendant une partie. J’ai quand même un T-shirt fétiche. Mais sur une semaine, faut pas s’inquiéter je le lave! (rires)…C’est un T-shirt avec un 14, mon nombre fétiche! Et puis bien sûr, j'ai le petit nounours que mon fils m'a offert.
Y a t-il un joueur qui t’impressionne et que tu respectes plus particulièrement ?
P.B.: Oui. Certains m’impressionnent par leur lecture, leur analyse, leur sympathie à table. Negreanu fait partie de ceux-là. C’est le joueur que je préfère. C’est un des plus forts aussi.
J'aime bien aussi Antonio Esfandiari, il a une bonne attitude. Mais le plus impressionnant d’entre tous reste Doyle Brunson. Sur une des dernières émissions WPT, il gagne en faisant une démonstration de poker du premier au dernier coup. Une vraie leçon du maître! Comment faire payer avec un bon jeu?... Là, j’ai appris.
Quel est, selon toi, le meilleur joueur du monde en tournoi? Et en cash game?
P.B.: En tournoi, je dirai Daniel Negreanu et Phil Ivey. En partie d'argent Chip Reese et Phil Ivey. Au total donc, Phil Ivey, il a un don exceptionnel...Et puis il ne faut pas oublier le Maître, Doyle Brunson. Lui, il est hors concours: il leur a tout appris, à tous!
Et les Français ?
P.B.: Quelques-uns vont faire la différence. Il y a le cas David Benyamine mais il est un peu particulier. David fait probablement partie des meilleurs mais il est dans une spirale "Big Game" qui change sa perception des tournois. Il aurait pu être un des plus grands joueurs de tournoi mais il n’a pas investi un grand intérêt dans la discipline. Je pense aussi à un autre joueur vraiment talentueux, mais tout dépendra de sa relation mentale avec le jeu et psychologique avec les autres: Antony Lellouche. C’est lui sur qui je miserais aujourd'hui. Je ne dis pas cela parce qu'il m'a sorti un jour avec deux As alors que j’essayais de le bluffer avec un tirage cœur...Non, il a vraiment un potentiel.
Ton meilleur et ton pire souvenir autour des tables... ?
P.B.: Le meilleur: ma remontée au 25000$ du Bellagio. J'ai tenu trois jours avec très peu de jetons et ma patience a payé puisque j'ai réussi à me hisser aux portes de la finale. Hélas j'ai sauté 10ème, en deux coups...
Mon pire?....Un bad beat, évidemment. Et j'en ai plein, hélas! J’ai aussi un souvenir qui aurait pu être affreux mais qui ne l’est pas : en finale de l’Omaha WSOP après mon premier bracelet, j’ai pratiquement le 2ème dans la poche. En tête à tête contre Robert Williamson III, je suis mieux que lui à tous les niveaux. Et là je me déconcentre complètement sur la dernière demi heure! Je le laisse filer. Il était tellement heureux et enjoué d’être en finale que je n’ai pas réalisé l’importance du moment. Quand il a gagné, on s'est tombé dans les bras et j'ai été sincèrement content pour lui! C'est bien la seule fois de ma vie où j'ai perdu avec le sourire (rires...)
Pourquoi a-t-on autant de mal à accepter les bad beats ?
P.B.: C’est une question de relation avec les probabilités. Quand il ne reste une seule carte dans le paquet pour te battre et qu’elle sort... Un seul mot vient, c’est: "POURQUOI ?" Pourquoi là ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?...Mais la réponse est simple: "Si tu n'acceptes pas le hasard, joue aux Echecs!". Il faut juste être philosophe et penser qu’on va en donner plus que l’on en recevra, c’est tout.
Beaucoup de joueurs pourtant ont fait l'inverse, passant des Echecs au poker...
P.B.: C’est logique car il y a une relation analytique avec le jeu. Un peu comme au bridge aussi. On peut élaborer un système de jeu, travailler les coups et les prévoir à l’avance. Moi, je suis plus intéressé par la stratégie que par le hasard. D'ailleurs, à Vegas, je ne joue à aucun autre jeu que le poker. Je connais de très forts joueurs qui peuvent batailler toute une soirée pour gagner et qui sont capables de tout perdre sur un coup de roulette ou de craps! C'est aberrant...Non, vraiment, le bridge, les Echecs et le poker sont les trois jeux rois, où stratégie et réflexion sont les facteurs essentiels.
Quelle est ta journée-type à Las Vegas ?
Pendant les tournois, réveil pas trop tard. Une heure de sport puis sauna et relaxation. Ensuite je m’assois au petit déjeuner autour de la piscine vers 10h30. Cela me sert de déjeuner. Pas de café. Ensuite je me prépare, j’arrive au tournoi une demi-heure avant, je scrute la salle, tranquille. Toutes les deux heures, pendant la pause, je prends une boisson énergétique comme les sportifs.
Est-ce qu’au moment de te coucher tu revois les coups? Cela t’empêche-t-il de dormir ?
Il faut que chaque expérience serve à nouveau pour la suite. C’est normal de repenser aux coups. Cela doit même être systématique. Pour progresser, mémoriser les stratégies et les comportements. Se connaître un peu mieux à chaque nouvelle partie. Comme dans la vie...
Les grosses Paires"DE CARTE"
Les Paires d’As, de Rois, de Dames sont des mains très fortes avec lesquelles il faut savoir doser ses relances pour minimiser les risques d’être battu par des mains inférieures tout en tâchant d’extraire le maximum des bons jeux susceptibles de payer. Mais quid des Valets ?
On joue quelquefois des heures entières juste pour l’émerveillement de découvrir l’une de ces mains exceptionnelles que sont les paires d’As, de Rois, de Dames et, dans une moindre mesure, la paire de Valets. Statistiquement, vous avez 0,45% de chances d’ouvrir une paire spécifique, en l’occurrence ici une de ces paires, soit une fois toutes les 221 mains (voir page Statistiques). Donc, en théorie, vous recevrez l’une de ces 4 paires spécifiques environ une fois toutes les 55 mains (221/4 = 55,25). Soit à peine 6 tours d’une table pleine de 9 joueurs ! On ne jurerait pas, et pourtant…
Mais quand ces paires pointent le bout de leur nez, surtout pas d’emballement et pas de précipitation. Car ces oiseaux rares sont souvent l’occasion de réaliser un profit substantiel, pour peu que l’on prenne le temps de réfléchir à la meilleure façon de les jouer en fonction de sa position, de son tapis et de la table. Or, les débutants (et quelques autres) sont si souvent terrorisés à l’idée de voir leurs As et autres grosses paires « brisés » par des mains de départ très nettement inférieures qu’ils font des relances démesurées (le fameux overbet), si bien qu’ils ne récoltent plus que les blindes. Dommage, non ? Le pendant inverse n’est d’ailleurs pas moins fréquent : par peur de n’être pas suivi, certains ne relancent pas pré-flop, ou alors font des relances si timides qu’elles sonnent comme une invitation ! Loin de toute stratégie, ces deux types de comportement relèvent de l’émotion pure : les très grosses paires sont une telle rareté qu’on ne veut pas les « gaspiller ».
Il existe bien entendu un juste milieu entre ces deux approches extrêmes et aussi maladroites l’une que l’autre. Voyons donc comment jouer ces paires de la façon la plus profitable possible, et dans quelle mesure il est judicieux ou pas de faire un slowplay avec ces mains de tout premier choix. Nous tenterons également de savoir s’il faut considérer la paire de Valets comme une grosse paire ou plutôt comme une paire intermédiaire.
AA, American Airlines
LA meilleure main de départ possible au Hold’em. 94,1% de chances de l’emporter face à AR, 89% face à deux cartes inférieures, 82% face à une autre paire et enfin 77% de chances de gain face à deux petits suited connectors ! Les chiffres sont éloquents, la paire d’As est l’écrasante favorite de n’importe quelle confrontation. Et si elle peut supporter un rival supplémentaire, les choses se compliquent sérieusement dans un match à quatre joueurs, et les chances de la paire d’As chutent de façon notable. C’est pourquoi, si grande soit la tentation d’attirer le maximum de clients dans le coup et de faire un slowplay avec votre paire d’As, n’y succombez pas : relancez avant le flop. Car un accident est vite arrivé… Par exemple, en ne mettant pas hors course la grosse blinde qui, avec 6-7 dépareillés et un flop 4,5,8 sans tirage couleur, vous vous exposez à laisser filer tout votre tapis (presque) sans vous méfier. Donc, la relance pré-flop vous permet de chasser les mains moyennes et de tirage, qui peuvent vous faire très mal quand elles touchent, tout en vous assurant de conserver l’avantage originel de vos As.
Outre ces aspects « préventifs », une relance pré-flop digne de ce nom (3 à 4 fois la surblinde) a aussi pour objectif de grossir le pot que vous vous apprêtez à remporter. Car en toute logique, si votre relance est substantielle, vous ne devriez être payés que par des mains solides par une belle paire (Dix et au-delà), ou par de gros suited connectors du type RD assortis. Dans la majorité des cas, vous affronterez donc un à deux adversaires, rarement plus ; contre lesquels vous êtes favori avec le type de mains évoquées, et qui risquent fort de payer toutes vos mises si le board est inoffensif pour le détenteur de la paire, ou si les gros connectors ont trouvé leur top pair.
Et si personne ne suit votre relance pré-flop, cela ne peut vouloir dire que deux choses. La première, la plus triviale, est tout simplement que personne n’avait un jeu qui méritait que l’on vous suive ; et, aussi frustrant que ce puisse être de ne ramasser que les blindes ou les mises de quelques limpers, dites-vous bien que vous sentiriez autrement plus lésé si votre paire d’As perdait contre une main du type 7-8 ou 9-10 dépareillés ! La seconde, que vous relancez trop rarement pour ne pas être « grillé » quand vous le faites. En d’autres termes, cela signifie que vous êtes frileux et prévisible. Ce qui n’est jamais bon au poker !
KK, King Kong
Tout comme la paire d’As, la paire de Rois ne supporte pas trop de compagnie. Il vous faut donc restreindre le champ d’action en relançant avant le flop (toujours au minimum 3 fois la surblinde), et ce depuis n’importe quelle position. Si vous avez plusieurs limpers avant vous, votre relance doit être plus importante encore car une cote intéressante pourrait finir par allécher beaucoup trop de monde à votre goût. Si vous êtes dans les premiers de parole et que vous subissez une sur-relance, ripostez en sur-relançant à votre tour ; de même, si un joueur parmi les premiers de parole relance, n’hésitez pas à le sur-relancer. Car il est à peu près sûr qu’à ce stade, vous avez la meilleure main de départ (bien sûr, les rencontres-catastrophe AA vs RR existent, mais elles sont somme toute assez rares).
Et tout comme la paire d’As, la paire de Rois est une main idéale pour « attraper » les jeux du type top pair/top kicker. Ainsi, si vous êtes callé par une un joueur ayant AV assortis et que le flop est V-x-x, votre adversaire aura le sentiment d’avoir le meilleur jeu. C’est ici que le slowplay prend tout son sens. Car il vous suffit de laisser votre adversaire mener la danse, de lui donner l’illusion qu’il a le meilleur jeu pour finalement le cueillir en lui tombant dessus au turn ou même à la river.
Passé l’effet de surprise, il pensera à un bluff de nécessité ou se dira qu’après tout ce qu’il a investi dans le coup, il ne peut décidément pas se coucher avec ce qui est, somme toute, un bon jeu. Dans un cas vous lui prenez tout, dans l’autre vous le forcez à réaliser un fold difficile et pénible.
Mais le problème avec la paire de Rois, c’est qu’elle s’effondre face à un As.
Or, typiquement, votre relance sera suivie par les joueurs ayant une paire, mais aussi par des mains du type AR, AD, voire AV. Et même si vous êtes largement favori face à ces mains (70/30), si un As venait à tomber au flop, vous êtes battu. Mais attention ! Cela ne signifie pas qu’à chaque fois qu’il y a un As au flop votre paire de Rois ne vaut plus rien. D’abord parce que vous pouvez toujours toucher un Roi (si, si, ça arrive). Ensuite et surtout parce que rien ne dit que votre adversaire a un As en main ! Il peut avoir suivi avec une paire inférieure, une main de tirage du type 10V assortis… Si vous lui faites sentir que l’As vous effraie, alors il lui suffira de vous bluffer. Mais si vous « sentez » qu’il a un As, alors laissez tomber et jetez votre paire de Rois sans remords et surtout sans un centime de plus. La meilleure façon de savoir si votre adversaire a un As ? La mise au flop. Si vous êtes premier de parole, misez par exemple la moitié du pot. S’il suit (voire relance), méfiez-vous, il a de bonnes chances d’avoir touché son As ou tout autre gros jeu.
Et si vous êtes second à parler, testez-le : misez s’il checke, et relancez-le s’il mise. Vous serez ainsi assez vite fixé… Au poker, il ne faut jamais oublier que les mises ne sont ni plus ni moins que des questions que l’on pose à ses adversaires : assumeras-tu mon enchère ? as-tu le meilleur jeu ? Et ils nous répondent exactement de la même manière…
Ces Dames sont dangereuses
La paire de Dames, en tant que main très forte, mérite elle aussi une solide relance pré-flop. Toujours pour se protéger des mains moyennes et marginales, pour limiter le coup à deux ou trois joueurs au maximum et pour grossir le pot. Mais ici, vous espérez aussi avoir écarté les mains du type RV ou A5, car les Dames, elles craignent à la fois les As et les Rois au flop.
Si un joueur se contente de suivre, et que le flop ne comporte ni As ni Roi (ce qui sera le cas les deux tiers du temps), alors jouez vos Dames comme les As ou les Rois : en misant. Vous gagnerez le pot arrêté si votre (ou vos) adversaire(s) n’a rien touché, piégerez celui qui aura top pair/ top kicker, et ferez commettre une faute à celui qui vous suivrait sur un hypothétique tirage.
Cependant, à la différence de la paire d’As ou de Rois, la paire de Dames, quand elle est sur-relancée, ne peut guère faire mieux que de se contenter de caller dans le meilleur des cas. Car contrairement aux As et aux Rois, elle ne peut guère être sûre d’être la meilleure à ce stade, en particulier si la sur-relance vient d’un joueur réputé plutôt tight. Elle peut se retrouver face à AA, RR et, plus souvent, face à AR. Battue à contre 1 par les paires supérieures, la paire de Dames a à peine plus d’une chance sur deux face à AR. Si vous pouvez vous permettre de risquer votre tapis sur un coin flip* en cash game, il vous faudra y réfléchir à deux fois en tournoi, en particulier si votre survie est menacée. Mais les pros vous l’expliqueront mieux (voir encadré).
Comme vous pouvez le constater, le niveau de complexité de vos décisions augmente à mesure que la hauteur de votre paire diminue… Descendons encore d’un cran pour nous pencher sur la paire Valets.
Les Valets, des subalternes ?
La paire de Valets est sans aucun doute la plus difficile à jouer. En ce qui la concerne, la théorie se réduit à peu de choses près à un no man’s land. Normal, c’est une paire relativement « bâtarde » : ni tout à fait une grosse paire, ni tout à fait une moyenne. En effet, la moitié du temps, le board contiendra une carte supérieure au Valet, et l’autre moitié la paire de Valets sera une overpair.
Alors, comment aborder ces Valets un peu casse-pieds ? De trois façons principales, selon votre position et les éventuelles relances adverses.
La première : la relance pré-flop. Si elle vous garantit le gain du pot arrêté, tant mieux. La bataille, qui s’annonce généralement rude avec les Valets, n’aura pas lieu. Si vous êtes suivi, soyez prêts à miser même si le flop comporte une overcard, car sinon, pourquoi relancer ? En effet rien ne sert de relancer pour finalement afficher votre faiblesse en checkant sur un flop musclé ; autant avouer tout de suite à votre adversaire que vous avez une paire inférieure en main. S’il joue au Hold’em depuis un peu plus d’une semaine, il devrait normalement en profiter pour miser, et ce quelles que soient ses cartes ! Et là, il vous sera en toute logique assez difficile d’assumer son enchère…
La seconde : limper. Si le flop affiche des cartes du type 10-4-2 et qu’un adversaire a A10, le coup pourrait alors s’annoncer assez sanglant…pour lui ! Car il y a assez peu de chances pour qu’il vous mette sur une overpair de Valets cachée. De même si vous touchez votre brelan au flop et qu’un joueur, lui, trouve top pair/top kicker, vous pouvez faire un carnage si vous vous y prenez habilement.
La dernière : le fold. La paire de Valets n’étant tout de même pas une paire de Deux, ne passez que si deux autres joueurs entrent dans une compétition de surenchères qui n’augure rien de bon pour vous. En effet, si l’un d’eux a peut-être AR, l’autre a forcément une paire supérieure aux Valets.
* Coin flip : coup à pile ou face
Paroles d’Experts en Femmes
Cinq pros nous livrent leur façon d’appréhender et de jouer la paire de Dames, « une main de premier ordre qui peut causer des problèmes de premier ordre »*, selon la formule du champion Erik Seidel.
* It’s a premium hand that can cause premium trouble.
Men « the Master » Nguyen, 6 bracelets WSOP :
La stratégie est différente selon que vous êtes en début, en milieu ou en fin de tournoi. En début de tournoi, je conseillerais de miser all-in face à une relance, en espérant ne pas tomber sur la paire d’As ou de Rois. En milieu de tournoi, face à une relance, je déconseille le all-in, surtout si les profondeurs de tapis sont élevées. Mieux vaut tenter une sur-relance et attendre la réaction de votre adversaire, dont vous devriez, à ce moment-là, savoir s’il est un joueur serré ou très agressif et aviser en fonction de ces deux paramètres (sa réaction et son profil). En table finale, tout dépend de votre stack. Si vous êtes parmi les derniers en termes de jetons, le all-in s’impose. Sinon, contentez-vous de caller et de voir le flop. »
Antonio Esfandiari, 1 bracelet WSOP, 1 titre WPT :
« La paire de Dames est une main très forte, et le plus souvent, ce sera la meilleure main pré-flop. Mais si vous vous faites sur-relancer très fort avant même le flop, alors vous êtes peut-être battu. Jouez-la donc à la fois agressif et prudent ! »
Annie Duke, 1 bracelet WSOP :
« La façon de jouer une paire de Dames est indissociable de la situation. Mais, d’une façon générale, je ne m’emballe que rarement avec une paire de Dames. Au contraire, j’aurais même tendance à la sous-jouer pour créer la surprise et remporter un gros pot.
Avant que le poker ne soit si populaire, la paire de Dames n’était pas considérée comme une main extrêmement forte. Par exemple, c’est une main qui était régulièrement couchée face à un all-in. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas et je crois que c’est dû à la télévision, qui donne une vision un peu déformée du jeu car les retransmissions ne concernent que les tables finales et les formats short handed, où la valeur des mains de départ n’est plus du tout la même. »
Juha Helppi, 1 titre WPT :
« Même si j’aime jouer la paire de Dames de façon agressive, mais dans les tournois d’importance, il m’est arrivé assez souvent de jeter ma paire face à une grosse sur-relance. Car si l’on réfléchit bien, la plupart des relances et sur-relances viennent de la paire d’As, de Rois, de Dames, de Valets et AR. Les As et les Rois dominent ma main, les Dames, peu probable, car j’en ai déjà deux, et face à AR, c’est quasiment un coup de pile ou face. Il n’y a donc que contre la paire de Valets que je suis favori. Bien entendu, si le sur-relanceur est short stack, je suis, mais si les profondeurs de tapis sont grandes, je préfère encore me coucher. »
Paul Phillips, 1 titre WPT :
« Je fais comme si j’avais une paire d’As, mais je me laisse la possibilité de décider que mes Dames sont en fait des Deux si mon adversaire semble penser que ses cartes ressemblent davantage aux As que les miennes ». Bien dit !
Les 50 meilleurs mains du Texas Hold'em
Vous avez intégré les règles du Texas Hold’em exposés dans notre premier numéro, parfait. Passons maintenant à l’étape suivante : le choix des mains. LivePoker vous a concocté un « top 50 » des meilleures mains de départ, avec mode d’emploi intégré. Un classement qui vous réservera sans doute quelques surprises… A connaître absolument.
Une table truffée d’inconnus, certains agressifs, d’autres carrément passifs ; d’autres encore qui vous sont totalement opaques. Et vous, qui écopez « under the gun » d’une petite paire de Huit. Que faire ? Se contenter de suivre et voir ce qui se passe ? Ecarter les mains intermédiaires, voire marginales en relançant très fort d’emblée ? Gros dilemme. Enorme casse-tête.
Voilà en effet le genre de situations classiques et très inconfortables dans lequel le joueur de poker se retrouve bien souvent.
S’il n’y a (heureusement !) pas de plan de jeu « tout fait » ou de formule gagnante au poker, il y a tout de même quelques fondamentaux. Et savoir évaluer la force de sa main preflop en fait partie. Pour optimiser ses chances de gain et minimiser celles de vos adversaires, il faut déjà sélectionner avec soin ses main de départ. Sur les 1326 mains possibles dont vous pouvez écoper, seule une petite cinquantaine valent la peine de se mouiller.
Voici donc le palmarès de ces 50 meilleures mains de départ.
NB : ce palmarès ne tient pas seulement compte de la confrontation de deux mains entre elles, mais prend en considération différents paramètres d’une table pleine de 8 à 10 joueurs. Par exemple, et c’est l’une des surprises de ce classement, RD assortis est une main mieux classée que A, 10 assortis, alors que dans une confrontation directe, c’est cette deuxième qui est nettement favorite.
Le top du top
AA
La paire d’As est incontestablement la main de départ la plus forte du Texas Hold’em. « Pocket rockets », « American Airlines (AA) »… quel que soit le surnom qu’on lui donne, c’est la main que l’on rêve tous de découvrir, notamment dans les fins de tournoi difficiles !
RR
Juste derrière la paire d’As, la paire de Rois est elle aussi une main significativement plus forte que toutes les autres.
Les Anglo-Saxons, qui appellent cette main KK, l’ont ainsi baptisée « King Kong » ! Un petit nom qui en dit long…
DD
Ces Dames n’ont pas la quasi toute-puissance de leurs supérieurs masculins les As et les Rois. Néanmoins, la paire de Dames reste une main de très forte qui fait partie du trio de tête.
Quelle que soit votre position à la table, si vous avez en main l’une de ces trois paires, vous devez relancer et même sur-relancer si quelqu’un l’a fait avant vous.
Le gain n’est évidemment pas garanti, mais au moins les probabilités sont en votre faveur. Si par hasard, votre paire de Dames ou de Rois se heurte à AA, vous vous consolerez – car alors vous avez 8 chances sur 10 de perdre – en sachant que même les champions ne savent pas éviter ce genre de mauvaises rencontres !
Les dauphins
VV
La paire de Valets vient clore le petit groupe des grosses paires qui tiennent le haut du pavé. Elle est « jouable » dans à peu près n’importe quelle position, mais pas forcément au prix de n’importe quelle relance. Si un joueur ou plus ont déjà relancé ou sur-relancé dans une position exposée (loin du bouton), alors attention, très grosse paire à l’horizon.
AR assortis
Deux cartes assorties (de la même couleur) ont toujours plus de valeur que les deux mêmes cartes déparaillées (de couleur différente).
AR assortis constitue la meilleure main possible sans paire. Elle offre un large éventail de possibilités et de tirages : la paire maximale peut s’appuyer sur le meilleur kicker ; un flop avec un As et un Roi garantit les deux paires les plus fortes ; on peut envisager une suite à l’As ou rêver d’une couleur elle aussi « max » ; et si par bonheur les deux sont au rendez-vous, la quinte flush royale n’est plus très loin ! Du très beau jeu en perspective…
AD assortis
Moins forte qu’AR assortie en termes de hauteur, cette main reste néanmoins puissante, procurant elle aussi de bonnes possibilités de couleur et de suite. Une belle main de relance quand la position y est favorable.
Si ces trois mains sont elles aussi des mains de relance et quelquefois même de sur-relance, il convient toutefois d’être plus attentif à la position et aux surenchères éventuelles effectuées avant votre tour de parole, qu’avec AA, RR ou DD.
10-10
Cinquième du classement, la paire de 10 est une main relativement forte, qu’il convient de relancer si personne ne l’a fait avant vous. S’il y a déjà eu une surenchère, entrez quand même dans le coup pour voir le flop. S’il y a déjà eu une relance mais que vous êtes dernier de parole, on recommande généralement de sur-relancer.
AR dépareillés
Encore une main de premier choix, même si elle n’est constituée ni d’une grosse paire ni de deux grosses cartes assorties.
AV assortis
Après AR et AD de la même couleur, la suite logique des (très) fortes mains assorties : AV.
Encore des mains de relance, mais à doser avec circonspection.
Les accessits
RD assortis
Première main de notre palmarès à ne pas contenir un As, elle se place notamment devant A-10 assortis car elle présente davantage de possibilités de suite que cette dernière.
9-9
Cette paire moyenne a encore de bonnes chances en tête à tête, face à une main du type AR, AD ou AV. Mais face à plusieurs adversaires, la force de cette main se révèle assez limitée.
A-10 assortis
Légèrement inférieure à RD de la même couleur (voir plus haut), elle fait cependant partie des fortes mains assorties.
AD dépareillés
Belle hauteur, mais possibilités de couleur très faibles, et les éventuelles suites ne sont qu’occasionnelles.
RV assortis
Cette main offre légèrement plus de possibilités de suite que la précédente, et cependant elle arrive derrière A-10. L’explication : le Roi n’est tout simplement pas aussi puissant que l’As.
8-8
Une paire moyenne, qu’il faut bien entendu jouer, mais prudence si vous êtes parmi les premiers de parole, donc dans une position exposée à tous types de relance.
DV assortis
Une main qui offre des potentialités de suite et de couleur appréciables, mais susceptible de se « faire prendre » à la hauteur par un As ou même un Roi.
R10 assortis
Comme pour la main précédente, une belle main de tirage, mais qui ne fait pas le poids en termes de hauteur face à un As.
Ces six mains sont jouables depuis n’importe quelle position et méritent que l’on suive pour voir le flop, en particulier si les enchères n’ont pas été trop élevées. Mais il ne faudra pas hésiter trop longtemps à jeter vos cartes si le flop vous a été défavorable.
Les mains moyennes
A, 9 assortis
Si l’on excepte les paires, il s’agit là de la première main de notre classement à ne pas offrir de possibilités de suite. Cette main reste relativement forte grâce à l’As et au fait que les deux cartes soient de la même couleur.
AV dépareillés
Cette main tire sa force de l’As, qui peut s’appuyer sur un kicker très honnête. Pas de possibilités de couleur (du moins à deux cartes), mais AV offre néanmoins un tirage à la suite si le flop est très favorable.
D, 10 assortis
Une jolie main de tirage, qui tire sa seule force du fait que les deux cartes soient assorties.
RD dépareillés
Constituée de deux fortes figures, qui plus est connectées, cette main paraît plus forte qu’elle ne l’est en réalité. Même s’il s’agit d’une main parfaitement jouable, il convient de rester prudent, attentif aux positions et bien sûr au flop.
7-7
Cette paire très moyenne, qui peut parfaitement se défendre lors d’un duel, a en revanche bien du mal face à plusieurs joueurs. De plus, une relance venant d’un adversaire placé avant vous peut éventuellement traduire une paire supérieure.
V, 10 assortis
Même si elle n’est classée que 21ème, cette main est statistiquement la meilleure main de tirage : de très nombreuses possibilités de suite (7,8,9,10,V ; 8,9,10,V,D ; 9,10,V,D,R et enfin la grande suite 10,V,D,R,A), auxquelles s’ajoute une possibilité de tirage à la couleur. Et même de Royal Flush ! Seule la taille moyenne de cette main explique son classement.
A, 8 assortis
Comme A,9 : l’As et la possibilité de couleur donnent toute sa force à cette main ; une force qu’il faut relativiser en raison d’un kicker très moyen.
K, 9 assortis
Une belle main de tirage, suite comme couleur. Une belle hauteur, insuffisante toutefois face à un As, mais un kicker assez juste.
A, 10 dépareillés
La dernière main de la première moitié de ce classement. Une seule possibilité de suite, mais la plus haute, et un As supporté par un kicker tout juste honnête.
Ces mains valent évidemment « le coup » que l’on suive pour voir le flop, mais gare aux grosses relances. Ici, votre position sera déterminante : en début ou en milieu de parole, il sera plus avisé de suivre ; en fin de parole, il est possible de relancer si personne ne l’a fait. Attention toutefois aux petits malins qui n’attendaient que cela pour vous sortir un petit check-raise qui rendrait votre jeu difficile à négocier !
A consommer avec modération
Nous attaquons à présent le deuxième grand groupe des 50 meilleures mains. Si vous êtes à une table qui se révèle être très tight, il sera alors sans doute plus avisé de ne pas jouer ces mains, ou alors uniquement si vous êtes dernier de parole. Mais avez-vous vraiment envie de jouer à une table aussi serrée, et surtout, en avez-vous le niveau ?
27ème- 32ème
A, 5 assortis
A, 7 assortis
RV dépareillés
6-6
10, 9 assortis
A, 4 assortis
Si l’on peut tout de même « caller » avec ces mains même dans des positions exposées (en particulier si le jeu pratiqué à votre table n’est pas trop « serré »), néanmoins, il est plus sage de se contenter de ne les jouer que dans des positions intermédiaires ou tardives.
33ème - 40ème
D, 9 assortis
V, 9 assortis
DV dépareillés
A, 6 assortis
5-5
A, 3 assortis
R, 8 assortis
R, 10 dépareillés
Des mains qu’il est souvent plus sage de jeter si vous êtes dans les premiers à parler ( à l’exception de la paire de 5). Il sera en effet plus avisé de jouer l’une de ces mains en position intermédiaire ou tardive, quand il n’y a pas eu de surenchère précédant votre tour de parole.
41ème – 50ème
9, 8 assortis
10, 8 assortis
R, 7 assortis
A, 2 assortis
8, 7 assortis
D, 10 dépareillés
D, 8 assortis
4-4
A, 9 dépareillés
V, 8 assortis
N’engagez vos jetons avec ces mains que dans des circonstances bien précises : une position très peu exposée, pas de relance… Par exemple, si vous êtes de petite blind et qu’il ne vous reste qu’à « caller » à hauteur de la Big Blind.
Vous savez à présent quelles mains sont plus ou moins jouables ; mais surtout, vous avez la notion que TOUTES les autres sont bonnes à jeter, sauf exception… ou fantaisie de votre part ! C’est déjà partir avec un net avantage sur les éternels débutants que vous ne manquerez de croiser aux tables où vous jouerez. Et si vous perdez néanmoins quelques coups sur des bad beat honteux, dites-vous bien que le poker est un jeu qui s’inscrit sur la durée : sur le long terme, le choix judicieux de vos mains et la technique viennent toujours à bout de quelques éclats de chance ou de malchance qui, par définition, ne sont qu’épisodiques.